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Notre dossier Europe


La Grèce est un pays sous haute tension


Jusqu'à présent les mesures restrictives n'ont pas en plus produit les effets escomptés. « Les lendemains qui devaient chanter » ont surtout amené une baisse du PIB de 25% depuis 2008 et une augmentation substantielle du chômage.

1. Présentation du pays

La superficie du pays s’élève à 131.957 Km2 (soit environ le quart de la France).

Le Pays est situé au sud-est de l’Europe. C’est un pays montagneux appartenant à la fois au monde méditerranéen et aux Balkans. La Grèce a des frontières terrestres communes avec l’Albanie, l’ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM), la Bulgarie et la Turquie.

La Grèce compte 15.000 km de côtes : on dénombre quelque 3.000 îles dont environ 200 sont habitées.

La Grèce est une république parlementaire fondée sur la constitution de 1975 avec une seule chambre de 300 membres élus pour quatre ans.

La religion orthodoxe est reconnue officiellement par la Constitution qui ne prévoit pas de séparation entre l’Église et l’État.

La population est de 11.325.897 habitants (janvier 2012). La capitale Athènes a 4 millions d’habitants, l’autre ville importante est Thessalonique avec 1 million d’habitants.

La Grèce est membre de l’OTAN (1952) de l’UE (1981) et de la zone euro (2001).

Bien que la Grèce ne représente que 2,5% environ du PIB de la zone euro la situation de ce pays a profondément mis en question la crédibilité de la zone euro.

La situation de la Grèce a conduit l’UE et le FMI à intervenir à plusieurs reprises pour soutenir le pays -le tout avec de sévères contreparties- et ainsi à assurer au total la crédibilité menacée de l’euro.

2. Les différents plans de soutien

Décision Montant Observations
1er mai 2010 73 milliards
21 février 2012 230 milliards Dont 107 par effacement de la dette par le secteur privé
26 novembre 2012 Décision confirmée au Conseil Européen du 13 décembre : adoption de diverses mesures « techniques » (moratoire sur les taux d’intérêt - nouveaux délais de remboursement) ayant pour objectif de revenir à un endettement de 124% en 2020 (il sera de 168% en 2013)

Hors du dossier réel il est difficile d’avoir un suivi précis des différentes décisions prises : quels sont les montants effectivement versés ? Les décaissements se faisant par tranches successives ; Comment sont-ils étalés dans le temps ? Quelles sont les conditions financières exactes arrêtées (garanties - taux - durées) ?

De plus, si la répartition des montants s’effectue en général selon la règle : 2/3 pour l’UE ; 1/3 pour le FMI dans la période récente des divergences sont apparues entre les deux institutions : le FMI se montrant favorable, pour ce qui le concerne, à une franche restructuration (=mise en défaut) de la dette de ce pays.

3. Les contreparties

Ces différents plans ne se font pas sans l’exigence de contreparties qui s’avèrent socialement de plus en plus douloureuses : là aussi les écrits sérieux manquent néanmoins tentons un récapitulatif :

  • Fonction publique
    • réduction de 15% des primes des fonctionnaires (mars 2010)
    • diminution des salaires de 7/8% dans l’ensemble du secteur public (mars 2010)
    • gel des salaires publics pendant 3 ans (avril 2010)
    • report de l’âge de la retraite dans le secteur public à 65 ans (juillet 2010)
    • suppression dans l’année 2012 de 15.000 emplois publics / d’ici 2015 150.000 postes seront supprimés dans la fonction publique qui comprend actuellement 700.000 emplois
    • suppression des 13ème et 14ème mois de salaire
  • Protection sociale
    • abrogation des 13ème et 14ème mois de pension pour les retraités âgés de moins de 60 ans (avril 2010)
    • réduction des pensions de retraites (juillet 2010) ;
    • l’âge légal de départ à la retraite passe de 60 à 67 ans d’ici 2014
       **le nombre d’annuités pour avoir droit à la retraite pleine est reporté de 37 ans à 40 ans d’ici 2015 et son montant sera calculé sur le salaire moyen de la totalité des années travaillées et non plus sur le dernier salaire (juillet 2010)
    • réduction des allocations des chômeurs de longue durée et de celle des handicapés
  • Salaires, droit et marché du travail
    • abaissement du salaire minimum de 22% ramené à 586 € bruts (février 2012)
    • assouplissement des conditions de licenciement et réduction des indemnisations (mai 2010)
  • Fiscalité
    • mise en place d’un taux d’imposition de 45% pour les revenus de plus de 100.000 € (mars 2010)
    • augmentation de la TVA de 19 à 23% (mars 2010)
    • introduction de taxes spéciales sur les combustibles, les alcools, le tabac (mars 2010)
  • Entreprises
    • ouverture à la concurrence des professions fermées (environ 350) (septembre 2010)
    • élargissement de l’assiette fiscale pour les entreprises
    • privatisation d’entreprises : 50 milliards de recettes attendues pour la période 2011/2015 dont 15 en 2012 : sont notamment concernées par les privatisations : les ports, aéroports, chemins de fer, distribution de l’eau et de l’électricité, le secteur financier appartenant à l’Etat ; la concession au secteur privé de cinq grands ports de la Grèce : Thessanolique, Patras, Igoumenista,Volos et Alexandroupolos.

Ce récapitulatif (reconstitué à partir de sources différentes) n’est peut-être pas complet ou insuffisamment précis mais il montre que le fer a surtout été porté par la « troïka » sur la fonction publique, la protection sociale et le marché du travail : les coupes ont été dures et pas acceptées par le corps social.
Quant à la fiscalité elle a été passablement alourdie mais il est vrai aussi que la fraude fiscale semble être un « sport national ».

Au total, les différentes mesures prises ou inspirées par la « troïka » ont fortement traumatisé le corps social qui n’en peut plus : les grèves et manifestations se sont déroulées depuis le début de la crise à un rythme impressionnant. Elles ont parfois été violentes et pour l’une d’entre elle a entraîné la mort de trois employés de banque.

Jusqu’à présent ces diverses mesures restrictives n’ont pas en plus produit les effets escomptés et « les lendemains qui devaient chanter » ont surtout amené une baisse du PIB de 25% depuis 2008 et une augmentation substantielle du chômage.

Tout ceci se fait dans un climat délétère qui a poussé le BIT -dans sa session de juin 2012- a constaté en Grèce de « sérieuses atteintes au principe de l’inviolabilité des conventions collectives librement conclues et un déficit important du dialogue social ».

La CES dans une déclaration de son comité exécutif du 7 mars 2012 apporte « son soutien aux syndicats grecs dans leur lutte contre l’analyse de la troïka qui démonte méthodiquement les droits fondamentaux du travail, vise à éliminer les organisations du travail et détruit la cohésion sociale privant ainsi les travailleurs de moyens institutionnels vitaux pour se défendre ».

La CES appelle par ailleurs à une approche « Plan Marshall » de type européen visant la croissance, l’emploi et les investissements innovants ».

Jean-Pierre Moussy