UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Actu revendicative


Le tourisme à l’âge de la retraite


Un ouvrage fait le point sur les pratiques de tourisme des retraités. De plus en plus nombreux, avec de meilleures retraites que leurs aînés, vivant plus longtemps en meilleure santé, ils partent davantage en vacances. Mais les moyennes cachent des inégalités entre retraités suivant l'âge, l'état de santé et surtout les revenus.

L’émergence du tourisme des seniors date des années 70. Le passage à la retraite est l’occasion de découvrir les attraits du tourisme, souvent en groupe, avec parfois la participation d’institutions collectives comme les caisses de retraite. Depuis, les retraités ont acquis une expérience des voyages et sont devenus une clientèle privilégiée pour la plupart des opérateurs du tourisme. Les 60 ans et plus représentent maintenant près de 20% de la population (près d’un tiers en 2030 !).

Le renouvellement de la population des retraités

La population des retraités vit de profondes modifications : l’espérance de vie en bonne santé et en couple s’allonge. Par rapport aux générations précédentes, il y a une amélioration des revenus. Toutefois, avec les difficultés prévisibles de financement des retraites, cet avantage risque de s’estomper.
L’insertion sociale, associative et familiale, est de plus en plus affirmée. Les nouvelles générations sont également plus intégrées au monde de la consommation et des loisirs. Toutefois, une profonde hétérogénéité sociale demeure au sein du groupe des retraités. Les revenus, l’état de santé varient du tout au tout d’un individu à l’autre, d’autant que les handicaps s’accentuent avec l’âge. Il est essentiel de distinguer les « seniors » (moins de 75 ans) des plus âgés pour comprendre les pratiques et les besoins en tourisme.

Les pratiques touristiques

La fréquence des voyages diminue avec l’âge, les moins de 30 ans étant en tête. Toutefois, les retraités partent de plus en plus : +10% en nombre de séjours et +8% en nuitées (plus de 65 ans ; 4 nuits ou plus). Ce rattrapage concerne plus les sexagénaires car au-delà de 70 ans, les raisons de santé sont évoquées pour non départ. Il en est de même pour l’insuffisance de revenus, comme à tous les âges.
Visites à la famille et séjours d’agrément représentent 80% des motifs de départ. Plus encore que chez les plus jeunes, il faut noter l’importance de l’hébergement « non marchand » (par exemple la résidence secondaire) pour plus de 60%.
Le déclin des voyages de groupes préconstitués, genre clubs, est très net depuis 10 ans.
D’une façon générale, les pratiques touristiques des retraités se rapprochent de celles des plus jeunes avec le développement des courts séjours (1 à 4 nuits) et de l’automobile comme mode de transport dans près de 70% des cas.

Une clientèle « intéressante » à privilégier

Quelle perception ont les opérateurs du tourisme de leurs clients âgés ? Les seniors sont une composante essentielle de leur clientèle, donc très courtisée, bien qu’exigeante, fidèle et intéressante en prestations. Par contre, les opérateurs se concentrent sur les moins de 70 ans, partie plus jeune et plus solvable. Les retraités refusent de se retrouver dans des « ghettos âgés ». Les auteurs ajoutent que « le jeunisme est malheureusement encore très répandu et il n’est pas bon d’avoir l’image d’une entreprise à clientèle âgée ».
Les retraités participent aussi aux nouvelles tendances. Il s’agit de l’attrait pour le terroir, les cultures locales, le tourisme vert, le tourisme patrimonial et urbain, d’une demande de prestations personnalisées, de l’importance de l’accueil, de la sécurité et du confort... Avec l’arrivée importante de générations nouvelles, la papi-boum, la clientèle âgée ne pourra que se renforcer.

Satisfaire le besoin de « vacances »

Pas plus chez les retraités que chez les jeunes, l’accès aux vacances n’est du domaine du superflu. Les vacances revêtent une importance particulière dans les modes de vie à la retraite, permettant de structurer le temps et de lui donner du sens. Si la situation moyenne des retraités s’est améliorée, nombre de personnes âgées ne partent pas encore ou rarement en vacances. Il y a un désengagement assez général des organismes qui pourraient subventionner les vacances des retraités y compris des comités d’entreprise (comme pour les mutuelles) dont dépendaient ces derniers. Les pouvoirs publics doivent faciliter les départs des personnes âgées défavorisées (revenus, santé, isolement), soit par des aides financières, soit par des actions incitatives sur l’offre de transport ou d’hébergement.

Source : Le tourisme à l’âge de la retraite. Etude pour le Conseil national du tourisme par Pascal Pochet et Bernard Schéou. Edité à la Documentation française (www.ladocumentationfrancaise.fr).

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