La scénariste Valentine Boucq dédie ce roman graphique à sa grand-tante, Madeleine Delessert, figure importante de la CFDT qui a soutenu en 1973 la grève de la faim des travailleurs immigrés de Feyzin près de Lyon.
Texte et images s’interpénètrent et s’adressent à l’intelligence et à la sensibilité. Aux ocres chauds et rosés des relations affectives et militantes s’opposent les gris bleus de la réalité.
Le récit des 23 jours de grève est une page d’histoire mais aussi un enseignement pour les luttes actuelles. La revendication locale d’un droit humain bafoué (droit pour les immigrés à un logement digne) peut se transformer en victoire politique lorsque les acteurs savent utiliser les forces de la société civile.
Les 27 ouvriers et les saisonniers sans-papiers ont été régularisés. Ils ont quitté le bidonville pour un foyer Sonacotra et les circulaires Marcellin-Fontanet ont été abrogées.
Cette lutte collective a payé, mais 50 ans plus tard, elle est toujours à recommencer. Avec les membres du Pacte du pouvoir de vivre ?
Nicole Chauveau
Corps en grève, Valentine Boucq et Amandine Wadre Puntous, Steinkis, 2020, 120 pages, 18 euros.
