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Les petits pas de la COP23 sur l’état de la planète


Cette 23e édition de la COP de l'ONU n’a pas été marquée par des décisions de grande ampleur, alors que les indicateurs de l’état de la planète sont au rouge.

Il y a urgence. Le thermomètre planétaire s’affole. « Il sera bientôt trop tard », ont déclaré dans un manifeste plus de 15 000 scientifiques de 184 pays, au moment de l’ouverture de la Conférence des parties de la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) qui s’est déroulée à Bonn en novembre dernier. C’est dire si les enjeux de cette COP23 étaient cruciaux.

Présidée par les îles Fidji, cette 23e édition a été jugée « en demi-teinte » par Nicolas Hulot lui-même, ministre de la Transition écologique et solidaire. Alors qu’en est-il ?

Le dialogue « Talanoa »

La décision des États de dresser un bilan collectif des émissions de gaz à effet de serre pour contenir le réchauffement climatique sous les 2 °C a été jugée positive. Ce bilan, proposé par la présidence fidjienne, sera réalisé à l’issue d’un an de dialogue dit de « Talanoa » (inspiré d’une tradition du Pacifique destinée à favoriser les échanges bienveillants). « Je suis très heureux d’annoncer que ce processus commencera en janvier. Ce dialogue devra être constructif et tourné vers des solutions », a indiqué Frank Bainimarama, Premier ministre fidjien et président de la COP23. Il a pourtant fallu plusieurs interruptions de séance et des discussions informelles pour définir les contours de ce dialogue.

Réclamé depuis longtemps, un programme de travail sur la sécurité alimentaire a enfin vu le jour, avec la mise en place d’un groupe de travail. Et en parallèle des discussions sur la mise en œuvre de l’accord de Paris, qui ne s’appliquera qu’à partir de 2020, le lancement d’une alliance pour la sortie du charbon (responsable de 40 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre) a été proposé par le Royaume-Uni et le Canada et rejoint par 25 pays, dont la France.

Côté diplomatie, depuis l’annonce du retrait des États-Unis de l’accord de Paris par Donald Trump, certains craignaient que les négociateurs américains fassent obstruction, il n’en a rien été. On peut même dire qu’ils ont fait preuve d’une certaine neutralité.

Solidarité Nord-Sud

Parmi les points d’achoppement, la question des financements a été source de tensions entre pays riches et pays vulnérables. Concernant le dossier des pertes et dommages pour les pays les plus vulnérables aux impacts du réchauffement climatique, les délégués de la COP23 ont certes accepté la tenue d’un dialogue d’experts sur le sujet en 2018, mais aucun engagement n’a été pris sur le financement. En clair, face à l’urgence climatique, après une année 2017 marquée par des incendies, des cyclones, des inondations, la volonté politique a clairement fait défaut.

On le sait, le plan de bataille pour sauver la planète est loin d’être achevé. C’est en Pologne, à Katowice, région minière par excellence, que se déroulera en décembre 2018 la prochaine édition. Les différents pays ont jusqu’à cette date pour s’accorder sur le mode d’emploi de l’accord de Paris, avec des règles aussi essentielles que le mode de vérification des engagements. Mais cela sera-t-il suffisant pour endiguer les graves bouleversements écologiques et économiques que pourrait provoquer une augmentation des gaz à effet de serre d’ici la fin du siècle ?

Corinne Grincourt

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