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L’illectronisme, sujet d’exclusion


Si l’on connaît bien les difficultés que rencontrent les personnes illettrées dans leur vie courante, on ne mesure pas encore combien les personnes qui ne savent pas utiliser Internet sont aussi progressivement exclues des modes de communication modernes.

Une récente enquête menée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et le syndicat de la presse sociale (SPS) vient récemment d’être publiée. Son objectif : sensibiliser les pouvoirs publics et les acteurs de la formation professionnelle à ce nouveau problème.

Six millions de personnes souffrent d’illectronisme. Pourtant, le numérique fait dorénavant partie de la vie quotidienne. Naviguer sur les réseaux sociaux, faire des achats en ligne, effectuer des démarches, près d’un tiers des Français y renoncent faute de maîtriser ces outils numériques. C’est un handicap certain qui pourrait progressivement se transformer en exclusion de la société tout comme l’illettrisme.

Avec les démarches administratives les questions deviennent cruciales

Depuis novembre 2017, les guichets des cartes grises et permis de conduire sont fermés dans les préfectures. Les demandes doivent être déposées obligatoirement en ligne dans le cadre de la dématérialisation de l’administration. Or, remplir un questionnaire sur Internet sans avoir un minimum de connaissance du fonctionnement d’ordinateur est évidemment mission impossible.

Il en va de même pour les déclarations d’impôts. Même si l’administration se dit conciliante et se tient à disposition de ces personnes, il n’en reste pas moins qu’une nouvelle inégalité se crée entre ceux qui savent et les autres.

L’illectronisme frappe davantage les seniors

Alors que 89 % des Français possèdent au moins un smartphone, un ordinateur ou une tablette, plus d’un tiers des plus de 70 ans n’en possèdent pas. Mais le phénomène n’épargne pas des plus jeunes puisque près de 15 % des moins de 35 ans avouent un blocage numérique.

À la CFDT aussi cette question se pose, même si avec le temps les militants et adhérents s’y mettent poussés par les besoins d’informations qui passent de plus en plus par le numérique. « Mon espace adhérent » en est une illustration.

La loi prévoit des mesures

La loi pour une République numérique d’octobre 2016 prévoit des mesures pour faciliter l’accès des citoyens aux nouvelles technologies. Les régions sont chargées de mettre en place des services de médiation numérique sur l’ensemble du territoire.
Plus de 7 000 espaces publics numériques (EPN) sont installés dans des médiathèques, des missions locales ou des offices de tourisme, particulièrement en milieu rural.

Soyons donc attentifs avec nos syndicats, nos associations, pour que l’illectronisme ne devienne pas une nouvelle fracture sociale.

Georges Goubier

L’illectronisme, c’est quoi ?

L’illectronisme c’est le manque ou l’absence totale de connaissance des clés nécessaires à l’utilisation et à la création de ressources électroniques. C’est Lionel Jospin, alors Premier ministre, qui a pour la première fois employé ce terme il y a dix-neuf ans. « L’essor des technologies de l’information ne doit pas creuser un fossé numérique. Á travers l’école, en particulier, l’État peut prévenir l’illectronisme avant qu’il ne devienne un nouvel avatar de l’illettrisme. »

Et récemment, Jacques Toubon, le défenseur des droits, déclarait : « Internet facilite l’accès aux droits, mais pas pour tous. La fracture numérique éloigne encore davantage un public vulnérable de son accès à l’information, c’est pourquoi il faut offrir des modalités d’information variées et conserver des lieux d’accueil physique. »

Un tiers des Français renoncent à utiliser les outils numériques.
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