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La présidence italienne de l’Union européenne doit changer la politique et l’économie de l’Europe


L'Italie assure la présidence de l'Union européenne depuis le 1er juillet jusqu'au 31 décembre prochain. Stefano Palmieri, membre du Groupe « salariés » au Comité économique, social et environnemental européen, est président du « Comité Europe 2020 » (1). Il travaille pour le Département des politiques économiques et de cohésion sociale de l'Italie du Sud à la Confédération générale italienne du travail (CGIL).

Quels enseignements peut-on tirer des résultats des élections européennes en Italie ?

Face à l’incapacité de la gouvernance économique européenne à affronter la crise économique, les élections italiennes ont fourni une réponse sans équivoque : il faut changer la direction politique et économique de l’Europe. La nécessité d’un changement dans la gouvernance économique ne s’est pas traduite, en Italie, par une croissance des partis politiques populistes anti-européens. Les électeurs, après les défaillances des gouvernements Berlusconi, la non-pertinence du gouvernement Monti et le manque de clarté du gouvernement Letta, ont préféré se fier à la « sécurité » qu’a su offrir le parti démocrate.

Stefano Palmieri : "L’Europe doit changer sa politique économique et sociale dans l’Union européenne."

Quelle est la situation économique et sociale de l’Italie ?

Depuis le début de la crise, en Italie, il y a plus d’1 million d’emplois en moins, dont 3,2 millions de chômeurs (dont environ la moitié ont moins de 35 ans), soit presque 13 % de la population active. À ceux-ci s’ajoutent de nouveaux inactifs, chômeurs, découragés et sous-employés, pour un total de plus de 7 millions de personnes. Le taux de chômage des jeunes a atteint des niveaux inacceptables : 42,7 % en mars 2014, avec des pics de 60 % dans certaines régions du sud de l’Italie.

Quelles sont les priorités de la présidence italienne ?

La présidence italienne doit utiliser cette période pour essayer de changer les lignes de la gouvernance économique qui ont jusque-là régi la politique de l’UE, avec pour objectif fondamental d’assurer la relance de l’économie européenne, de promouvoir la relance de l’emploi et d’assurer un soutien pour les groupes les plus touchés par la crise, surtout les jeunes.

Quelles sont les réalités syndicales en Italie et leur positionnement ?

Comme dans le reste de l’Europe, la crise a aggravé une phase particulièrement critique pour les syndicats italiens. La crise en Italie fut le signal d’une crise du système qui, en plus d’épuiser le militantisme syndical, a contribué à son affaiblissement substantiel. Le processus de globalisation de l’économie et des marchés a mis le mouvement syndical face à des défis particulièrement sensibles (délocalisation, baisse de l’emploi, précarisation des relations de travail, émergence de nouveaux emplois, etc.), avec un changement important dans l’équilibre du pouvoir. Ces changements profonds dans la société ont produit une crise des corps intermédiaires de représentation. L’avenir du syndicalisme italien dépend essentiellement de sa capacité à mener un processus radical d’autoréforme, d’innovations générationnelles et d’idées, en adoptant des positions novatrices et avant-gardistes en plaçant le travail et les travailleurs au centre de son programme.

Propos recueillis par Jean-Pierre Bobichon

(1) Ajoutons que la CFDT et la CGIL sont pleinement parties prenantes du « Contrat social pour l’Europe » et du « Plan d’investissement » proposés par la CESE. Ce plan veut favoriser la relance de l’économie fondée sur les investissements avec 2 % du PIB européen pendant 10 ans. Il est en effet plus que temps de réorienter l’UE dans une perspective de croissance : le renouvellement en cours des institutions européennes nous offre une fenêtre d’opportunité pour agir dans ce sens.