UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

Actu revendicative


"Le gouvernement refuse la retraite avant 60 ans, inacceptable !"


François Chérèque répond à nos questions sur la future réforme des retraites, sur la dépendance et l'APA et sur la place des retraités dans la CFDT.

Bulletin du Retraité. Quel impact sur les retraités pourrait avoir la réforme à venir sur les retraites ?

François Chérèque. C’est surtout l’absence de réforme qui aurait un impact car elle conduirait à une baisse régulière du niveau des pensions et un appauvrissement progressif des futurs retraités. La réforme, en tous cas c’est la position que défend la CFDT, doit permettre d’arrêter la baisse du taux de remplacement. De plus, la CFDT revendique que la revalorisation des retraites permette au minimum le maintien du pouvoir d’achat des retraités et qu’à travers une négociation régulière, on puisse faire bénéficier les retraités de tout ou partie de l’évolution de la richesse nationale. Enfin, la CFDT demande qu’il n’y ait pas de retraites en dessous du SMIC.

Quels en seront les conséquences pour les basses pensions ?

Il faut donc que l’on revalorise le minimum contributif pour permettre cet objectif d’une retraite minimum au niveau du SMIC, en lui redonnant son niveau qu’il avait lors de sa création en 1983 par rapport au SMIC. Rappelons qu’au départ, le minimum contributif visait à garantir une pension égale à 95% du SMIC net aux salariés qui avaient cotisé 150 trimestres.

Peux-tu nous rappeler les raisons de la nécessité de réforme ?

A partir de 2005, il y aura de plus en plus de retraités, qui vivent par ailleurs de plus en plus longtemps, ce qui crée d’énormes besoins de financement. En même temps, il y aura moins d’actifs. Or, dans notre système par répartition, ce sont les actifs qui paient les pensions, chacun acceptant de cotiser, en attendant de bénéficier à son tour de cette solidarité entre les générations. Si nous ne faisons rien, les retraites baisseront de 20% en vingt ans et ce seront les plus modestes qui en seront victimes car ils n’auront pas les moyens d’épargner. Voilà pourquoi il faut réformer nos retraites : pour les sauver !

Quelles sont les propositions de la CFDT ?

La réforme doit d’abord garantir un bon niveau de retraite à tous, ce qui implique une amélioration des plus basses pensions, y compris dans le public. Elle doit également permettre à ceux qui ont commencé à travailler tôt à partir plus tôt chacun doit pouvoir partir à la retraite dès 40 ans de cotisation, y compris avant 60 ans, c’est une question de justice sociale. Il faut aussi laisser plus de choix, avec la retraite à la carte, pour pouvoir partir plus tôt, en toute connaissance de cause, ou plus tard, avec un bonus. Nous voulons négocier la question des métiers pénibles.

Et dans la fonction publique, nous réclamons l’intégration des primes dans le calcul de la retraite : sait-on, par exemple, que les aides soignantes dont les primes représentent jusqu’à un tiers des revenus, perçoivent des retraites proches du minimum vieillesse ? Au total, la CFDT réclame une réforme globale, pour tous les régimes car ils sont tous concernés. Elle veillera à ce que les efforts demandés pour garantir un bon niveau de retraites à tous soient équitables entre les régimes.

En outre, nous ne voulons pas que ces efforts reposent seulement sur les salariés, et parmi eux, seulement sur les jeunes, qui pourraient se détourner de notre système de solidarité s’ils perdaient l’espoir d’en bénéficier à leur tour. Tous les revenus doivent donc y contribuer, y compris ceux du capital et du patrimoine, via une hausse de la CSG. Nous sommes prêts à soutenir une réforme, à la condition que nos exigences soient entendues. Ce n’est pas le cas pour le moment : le gouvernement refuse de s’engager sur le niveau des retraites et il reste sourd à notre revendication de départ dès 40 ans de cotisation. C’est inacceptable

La Confédération et la CFDT Retraités défendent une position commune sur la dépendance. Peux-tu nous développer celle-ci ?

La Confédération CFDT comme l’UCR-CFDT ont exprimé un avis positif sur la création de l’APA pour plusieurs raisons. L’APA est une prestation légale et non plus une aide sociale. C’est une allocation universelle, égalitaire et polyvalente. Ces principes, que la CFDT a défendus pour demander une réforme de la prestation dépendance, sont bien ceux de la nouvelle Allocation personnalisée à l’autonomie.

Pour la CFDT, c’est bien la CSG qui a vocation à assurer à l’avenir le financement de l’APA, car c’est sa vocation de financer des prestations ouvertes à tous et qui relèvent de la solidarité nationale, c’est-à-dire de tous les revenus, ceux du travail sans oublier ceux issus du patrimoine et du capital.

L’évolution inexorable du coût de l’APA est inscrite dans les courbes démographiques, environ 750.000 en 2000, 900.000 en 2010 et 1.200.000 en 2020. Il faudra y ajouter la ressource en terme de personnels, dont la CFDT revendique la professionnalisation, ce qui implique un bon niveau de formation et de rémunération.

Enfin, pour prévenir la dépendance lourde et son évolution, il faut prendre des mesures qui permettent aux personnes âgées de pouvoir rester à leur domicile aussi longtemps qu’elles le désirent. Il faut donc renforcer l’aménagement des logements, l’aide aux aidants, l’aide aux vacances et l’accueil temporaire.

L’Allocation Personnalisée d’Autonomie répond aux besoins des Personnes Agées. Elle est cependant remise en cause ?

L’APA est victime de son succès, ce qui prouve bien qu’elle répond à un réel besoin et qu’elle représente un notable progrès par rapport à la prestation dépendance (PSD) qui l’a précédée. Le financement prévu initialement s’avère insuffisant et le gouvernement s’apprête à réformer l’APA en faisant porter l’effort sur les bénéficiaires de l’aide à domicile : ils prendront à leur charge 12 % des dépenses au lieu de 6 %.

La CFDT est en total désaccord avec cette perspective, d’autant qu’il était prévu dans la loi qui a institué l’APA qu’un bilan de son application serait fait dans le premier semestre 2003. Nous demandons donc au gouvernement, avant qu’il ne prenne des décisions, de procéder à l’évaluation du dispositif en juin 2003, et d’engager, d’ici là, une véritable concertation pour pérenniser et améliorer le dispositif.

La place des retraités dans la CFDT est acquise : comment caractérises-tu cette évolution ?

Positivement bien évidemment ! Les évolutions actées lors du Congrès de Nantes sont la suite logique d’un long cheminement pour permettre aux retraités de prendre toute leur place dans la CFDT, mais aussi dans la société, et d’y rester actifs. Nous voulons donner à l’Union confédérale des retraités et à ses structures plus d’efficacité, avec l’ambition de multiplier leur nombre d’adhérents. En faisant de l’union territoriale de retraités la structure de base, nous lui avons donné les mêmes droits et devoirs que le syndicat d’actifs, pour pratiquer le même syndicalisme de proximité avec tous les adhérents. Les retraités ont des besoins spécifiques, pas uniquement en matière de retraite, mais aussi dans leur vie quotidienne : transports, santé, culture, loisirs, logements, services, etc., auxquels il faut répondre.

Et dans le futur ?

Pour que l’organisation que nous avons mise en place joue tout son rôle auprès des retraités, que notre syndicalisme soit fort, efficace et attractif, nous devons multiplier les initiatives en matière de développement, et leur proposer l’adhésion. Ce travail doit se faire en lien bien évidemment entre les structures de retraités et les syndicats d’actifs qui ont un rôle d’alerte et d’information auprès des unions territoriales de retraités.

C’est à l’adhérent actif, et futur retraité, qu’il faut proposer de poursuivre son adhésion. C’est pour cette raison que la confédération a mis en place le « PAC glissant », évitant ainsi toute rupture au moment du départ à la retraite de nos adhérents.

Au final, comment se porte la CFDT ?

Après le succès des prud’hommes, la CFDT continue sa route, en toute indépendance, pour faire avancer ses priorités : la réforme des retraites, mais aussi l’emploi et le pouvoir d’achat. Nous avons besoins d’être plus forts encore, pour être partout, avec les salariés.